1, rue des petits-pas – Nathalie Hug

Quatrième de couverture : 
Lorraine, hiver 1918-1919. Dans un village en ruines à quelques kilomètres du front, une communauté de rescapés s’organise pour que la vie continue.
Louise, seize ans, est recueillie au 1, rue des Petits-Pas par une sage-femme qui va lui transmettre son savoir: accoucher, bien sûr, mais aussi lire et écrire, soigner les maux courants et, enfin, être l’oreille attentive de toutes les confidences. Mais dans ce village ravagé par la guerre et isolé du monde, les légendes nourrissent les peurs, et la haine tient les hommes debout. Ces peurs et cette haine, Louise va devoir les affronter car elle exerce son art dans l’illégalité, élève un enfant qui n’est pas le sien, aime un être qu’elle n’a pas le droit d’aimer, et tente de se reconstruire dans cet univers où horreur et malveillance rivalisent avec solidarité et espoir.

Ma « touche » perso :


Ce roman se situe juste après la première grande guerre. Dans un village proche de Verdun qui essai vainement de revivre au milieu des décombres. Encore traumatisé par les bombardements, les morts, les manques. Peuplé essentiellement de femmes, d’enfants et de vieillard.
Une époque où les légendes ont encore un goût de vérité, où les maladies foisonnent, où tout est à rebâtir.

«  A partir de 1916, les prétendantes sage-femmes doivent passer un brevet et avoir plus de dix-neuf ans. Elles ont le droit de pratiquer l’épisiotomie mais pas d’utiliser les forceps ni de faire de césarienne ou d’avortement sous peine d’être condamnées aux travaux forcés à vie. Elles n’ont pas le droit non plus de prescrire des médicaments. Ni à la mère ni à l’enfant. En cas de transgression de ces règles elles peuvent être accusées d’exercice illégal de la médecine ou de la pharmacie et encourent des amendes pouvant aller de cent à mille francs, ou des peines de prison allant de six jours à six mois ferme. » (préface)

 

On se rend compte tout de suite que Nathalie Hug a fait un gros travail de recherche sur la condition féminine pendant et après guerre ainsi que sur les pratiques médicales de l’époque. Car tout au long de notre lecture, il y a des références aux vertus des plantes, des remèdes dit de « grand-mères » de nos jours. Et de nombreuses références à Madame du Coudray, une sage femme qui a crée un mannequin obstétrique de taille réelle afin d’éduquer les matrones dans les villes et villages, et permettre ainsi de réduire les taux de mortalité infantiles. (Pendant 25 ans, Angélique sillonne la France ; elle aurait ainsi formé plus de 5 000 femmes, ainsi que des chirurgiens qui perpétuent son enseignement.) Bel exemple que cette femme ! Quand on sait la considération masculine pour la gente féminine !

 
D’ailleurs, l’auteur ne nous épargne rien ! les viols de jeunes filles ou de petites vieilles, les filles-mères, les prostituées. c’est une ambiance lourde où la mort rode régulièrement. La détresse frôle l’espoir. Où l’on se demande comment on peut affronter ces drames sans perdre la raison. 
 
« Allez dire à cette femme qu’elle devait mourir au nom de Dieu ! Et aux filles violées par leur père, ou par des déments, qu’elles doivent se réjouir d’être enceintes! Et tant que vous y êtes, allez expliquer aux putains qu’elles ne doivent pas se prémunir d’une grossesse ! Ou mieux, pauvre curé que vous êtes, ajoutai-je folle de rage, demandez donc à votre Dieu qu’il s’incarne pour le leur dire lui-même ! Et quand il l’aura fait, alors seulement, j’irai me confesser. »

C’est donc un roman de femmes. Enfin surtout d’une jeune fille, qui a une enfance non enviable, mais qui aura la chance d’avoir croisé une personne qui lui apprendra son métier. Louise va se battre, va se faire reconnaître en temps que praticien et va être au centre de cette communauté qui ne l’accepte pas facilement. Et puis cette histoire d’amour incroyable….je n’en dis pas plus.

J’ai aimé la retenue de l’auteur, une sorte de pudeur que l’on ressent chez le personnage principal. Le climat lourd d’après guerre et l’immersion des conditions de vie. Même les passages un peu cru, enfin dirons nous les descriptions odorantes et visuels qui peuvent arrêter certains ! l’anatomie ne me rebute pas ..Bref, l’auteur m’en avait parlé avec fierté et on sentait son attachement pour ce roman, je comprends maintenant pourquoi. On y sent un investissement personnel, on approche la femme .

Palmarès de l’AUTEUR:

Compagne de Jérôme Camut, Nathalie Hug a signé avec lui « Prédation et Stigmate », les deux premiers volets de la trilogie des voies de l’ombre, ainsi que « Les éveillés ».
Mars et juin 2004, Jérôme Camut publie les deux premiers tomes de la tétralogie « Malhorne » aux éditions Bragelonne. Nathalie Hug se les procure et, bouleversée par sa lecture, décide de contacter l’auteur. Ils ne se quitteront plus et commencent très vite à écrire ensemble.
Naît ainsi « EspylaCopa », une nouvelle Fantastique publiée dans Fantasy 2006 aux éditions Bragelonne. Puis le thriller « Prédation », premier opus de la trilogie les Voies de l’ombre, aux éditions Télémaque. Depuis leur mariage en 2006, les deux auteurs consacrent leur vie à l’écriture
Les Éditions Calmann-Lévy ont publié « Les Éveillés » en 2008, « 3 fois plus loin » en 2009 et « Les Yeux d’Harry » en 2010.
Dans son premier roman solo, « L’enfant-rien », elle a imaginé un personnage naïf et inquiétant, à la voix singulière, aux questionnements bouleversants.
Suivront  » La demoiselle des tic-tac » et « 1, rue des petits-pas ». 
                                        

Mon Score !

4-5-bis





6 commentaires

  1. « On approche la femme », joliment dit. La sensibilité que tu mets dans tes chroniques me touchent régulièrement. Voilà déjà plusieurs lectures dont je partage l'avis (euh à part le doudou divin). Et bien « vilaine fille » tu es encore une tentatrice douée puisque tu touches mes cordes sensibles ! Bravo 🙂

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  2. J’ai découvert ce roman un peu par hasard et je l’ai finalement acheté pour le contexte historique mais aussi parce que ses personnages principaux sont des personnages féminins. J’avais envie de voir la Première Guerre au travers des yeux des femmes… ! Si j’avais encore des hésitations, ton avis ne m’incite qu’à une chose : sortir ce roman de ma PAL le plus tôt possible. 🙂

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